La maîtrise de la qualité et de l’efficacité sur chantier est une étape clé de la garantie de performance d’un projet immobilier, en neuf comme en rénovation. Mais comment améliorer la qualité des chantiers et garantir la performance énergétique des bâtiments ? L’autocontrôle réalisé sur chantier par les professionnels eux-mêmes pourrait être la solution. Des outils technologiques sont aujourd’hui identifiés pour les inciter à adopter cette démarche. Une vision commune, des communications facilitées, une traçabilité en temps réel pourraient ainsi permettre de réduire les écarts constatés entre les performances du bâtiment prévues en phase conception et les performances réellement mesurées après travaux.


La phase construction : l’étape oubliée des nouvelles technologies

Pour un bâtiment neuf, l’essentiel des dépenses est concentré sur la phase chantier, pour l’achat des matériaux ou la main d’œuvre. Mais les nouvelles technologies sont loin d’avoir gagné cette étape cruciale de la construction. Majoritairement concentrées sur les phases de conception ou d’exploitation pour le monitoring des bâtiments, les innovations négligent le chantier pourtant à l’origine d’importants écarts constatés entre les performances théoriques du bâtiment et les performances réelles après travaux. Les consommations énergétiques sont ainsi bien supérieures aux consommations attendues. Cet écart de performance pourrait être réduit en travaillant sur les interférences et le déficit de circulation d’informations entre les différents corps de métier autour et sur le chantier.

L’autocontrôle sur chantier : une sérieuse piste d’amélioration

Impliquer tous les acteurs du chantier dans le contrôle qualité, de la phase conception à la livraison du bâtiment permettra d’éviter les malfaçons et de corriger les déficits qualitatifs constatés durant les travaux. Aurélien Hénon, manager de l’équipe Performance énergétique de NOBATEK/INEF4, souligne l’importance de responsabiliser tous les corps de métier : « Inciter tous les acteurs du chantier (assistance à maîtrise d’ouvrage, superviseur, artisan, architecte…) à engager une démarche d’autocontrôle et à mieux partager leurs informations leur permettra d’adopter une vision et des objectifs communs vers plus d’efficacité ». Cette transition sera facilitée par des outils et méthodes collaboratifs qui amélioreront l’articulation entre les différents lots. « Avec ces nouvelles technologies, chaque acteur peut contrôler la qualité de son travail et diffuser ses propres avancées aux autres professionnels » ajoute-t-il.

Inciter tous les acteurs du chantier à engager une démarche d’autocontrôle et à mieux partager leurs informations leur permettra d’adopter une vision et des objectifs communs vers plus d’efficacité

Aurélien Hénon, Responsable d’équipe Outils & Systèmes pour la Performance Energétique, NOBATEK/INEF4

Des solutions technologiques pour le chantier du XXIe siècle

Ces réponses technologiques pour l’autocontrôle et la vérification de qualité sur le chantier sont d’ores et déjà en cours de développement ou de déploiement : des outils pour contrôler l’efficacité énergétique ou la qualité de l’air intérieur, des outils 3D et d’imagerie comme le scan 3D Matterport, des outils acoustiques, de test d’étanchéité à l’air (voir PULSE), d’imagerie thermique, de modélisation des informations du bâtiment… Avec ces solutions logicielles ou ces nouveaux instruments de mesure, les professionnels peuvent corriger rapidement tout écart mesuré avec les performances théoriques. Pour faciliter l’accès et l’utilisation de ces nouvelles technologies, une plateforme numérique de gestion de la construction est déjà commercialisée (voir REFURBIFY). Développée dans le cadre du projet européen BUILT2SPEC (coordonné par NOBATEK/INEF4), cette plateforme, accessible sur smartphones et tablettes, est couplée à de nouveaux outils de mesure et de contrôle, mobiles et simples à utiliser pour l’auto-inspection sur chantier.

Zoom sur 3 nouvelles technologies d’autocontrôle sur chantier

Le 19 juin dernier, la garantie de performance chantier était au cœur des échanges du dernier Debatek organisé
par NOBATEK/INEF4 et son partenaire LogiRep. Trois outils numériques étaient en démonstration :

  • REFURBIFY, plateforme cloud compatible BIM pour la gestion des projets de rénovation
  • PULSE, test d’étanchéité à l’air, flexible & rapide
  • Matterport, Scanner 3D, numérisation de lieux et visites virtuelle

REFURBIFY : une plateforme collaborative pour contrôler la qualité chantier

Logiciel collaboratif en ligne, REFURBIFY permet de collecter et de partager l’ensemble des documents d’un projet de construction ou de rénovation mais aussi de planifier et de tracer des contrôles qualité, preuves à l’appui. Toutes ces informations sont accessibles depuis le chantier via smartphone ou tablette.

Maçon, électricien, plombier, maître d’œuvre… chacun peut renseigner la plateforme en ligne directement depuis le chantier et suivre en temps réel les différentes avancées des travaux, photo ou preuve à l’appui. Avec cet outil de partage, le plaquiste peut vérifier que l’électricien a terminé son travail avant de planifier son intervention. Une entreprise qui a terminé sa mission peut facturer plus vite, sans attendre la visite de chantier suivante…

PULSE : un test rapide d’étanchéité du bâtiment

Les tests d’étanchéité à l’air servent à évaluer les déperditions thermiques. Aujourd’hui, le test normalisé « Blower door » est réalisé en fin de chantier pour certifier et qualifier la performance de l’enveloppe du bâtiment. Ce test, intrusif (il implique de remplacer une porte par un autre système permettant la prise de mesures) est lourd à mettre en place. Le nouveau système PULSE propose une solution de test rapide, réalisable en quelques secondes, après tout de même un temps de préparation pour boucher certains conduits d’aération. Le test Pulse peut être réalisé à plusieurs étapes du chantier, dès qu’une intervention risque d’influencer l’étanchéité de l’enveloppe et donc la performance énergétique du bâtiment, si un plombier perce un plafond par exemple. L’outil PULSE, constitué d’un simple boîtier sur roulettes, peut aujourd’hui être intégré dans les prestations de suivi de chantier.

MATTERPORT : un scan 3D collaboratif et multifonction

En scannant les bâtiments en 3D à 360 degrés, Matterport est à la fois un outil de visualisation du chantier (qui sert pour le diagnostic, l’audit, les comptes rendus de visite) mais aussi un outil de partage d’informations et d’observation. Ressemblant à un gros appareil photo sur trépieds, le scan prend des photos panoramiques pièce par pièce jusqu’à reconstituer un modèle 3D illustré des photos du bâtiment, dans lequel on peut se déplacer virtuellement, à la manière de Google Street View. L’outil se veut très collaboratif : tous les acteurs du
chantier peuvent annoter les plans en ligne, laisser un commentaire. La communication en temps réel est améliorée entre les différents corps de métier et la transparence apportée incite à l’auto-inspection sur chantier. Dans un contexte de rénovation, le scan peut générer un gain de temps non négligeable : des plans 2D qui nécessiteraient deux semaines de relevés géométriques classiques peuvent être élaborés en moins de deux jours.


L’autocontrôle testé sur un chantier pilote de rénovation

Accompagné par NOBATEK/INEF4, le bailleur social LogiRep a récemment testé la plateforme d’autocontrôle REFURBIFY sur un projet de rénovation énergétique d’une résidence en région parisienne. Aude de Brébisson, chargée de mission de projets européen chez LogiRep nous raconte : « En amont du chantier, nous avons listé les tâches à vérifier pendant la durée des travaux. A partir de cette liste planifiée, une alerte est envoyée à l’entreprise sur chantier. L’artisan envoie une preuve de l’avancée de son intervention : une photo de l’isolant posé à côté d’un mètre peut nous permettre de vérifier son épaisseur par exemple ».

Les retours terrain sont positifs. L’application est jugée intuitive et facile d’utilisation. Côté maître d’ouvrage, Aude souligne que « même à distance, la plateforme nous offre une meilleure compréhension de ce qui se passe sur chantier et nous incite à adapter le planning d’interventions et notre programme de visite en fonction des avancées réelles des travaux. Le gain de temps est précieux ».

Retour en images sur notre événement du 19 juin